BALAYAGE
Précèdent
Balayage, échappement, transferts
Le balayage est la phase au cours
de laquelle les gaz frais venant du carter, rentrent dans le
cylindre et poussent les gaz brûlés devant eux, vers la lumière
d’échappement.
Le balayage
Cette phase constitue un problème
clef de la conception d’un moteur 2T de haute puissance spécifique.
Elle est particulièrement complexe puisqu’il faut à la fois
:
- Vider le cylindre des gaz brûlés
- Le remplir de gaz frais
- Ne pas perdre trop de gaz frais par l’échappement
Si le balayage devait être réalisé uniquement par la précompression
des gaz frais dans le carter, la chose serait pratiquement impossible. Le balayage
est en fait beaucoup plus complexe que ce qui est décrit dans le shéma
de fonctionnement théorique du 2 T (que vous connaissez tous par cœur…n’est-ce
pas ?!…)
La lumière d’échappement s’ouvre la 1ere ; les gaz
d ‘échappement , qui ont encore une assez forte pression commencent
à s’échapper d’eux même. La pression dans le
cylindre baisse alors progressivement ; lorsque les transferts s’ouvrent,
elle est devenue assez faible pour que les gaz frais pénètrent
à leur tour dans le cylindre. Avec un échappement bien accordé,
ce sont même les gaz brûlés qui, en s’échappant
aspirent les gaz frais dans le cylindre, avant de les y retenir grâce
à l’arrivée de l’onde de contre-pression réfléchie
par le convergent du pot de détente.
Ceci admis, il reste encore à voir quels sont les dispositifs mis en
œuvre pour :
- Supprimer le « court-circuitage » des gaz frais vers la lumière
d’échappement
- Eviter qu’il ne subsiste dans le cylindre une zone neutre, non balayée
qui ne serait pas vidées de ses gaz brûlés
- Eviter que gaz frais et gaz brûlés ne se mélangent au
cours de l’opération
L’absence de mélange de ces gaz tient essentiellement à
leur différence de densité et de pression. Les gaz frais sont
nettement plus denses que les gaz brûlés ; leur pression est également
plus élevée grâce au décalage d’ouverture entre
l’échappement et les transferts.
Le procédé de balayage assure une bonne direction aux différentes
colonnes gazeuses, ce système inventé par le Dr Schnurle, utilise
2 transferts situés de part et d’autre de l’échappement.
Ils dirigent les gaz frais dans une direction opposée à celui-ci
; d’abord dirigés parallèlement à la calotte du piston,
les gaz frais se rejoignent à l’opposé de l’échappement
et remontent ensuite vers la culasse, chassant devant eux les gaz brûlés.
Vous comprenez ainsi la nécessité de « toucher » avec
prudence à la forme des transferts !…
Ce balayage a par la suite été amélioré avec la
création d’un 3e transfert débouchant ds le bas du cylindre
(type TT ou « through the trim » comme sur les moteurs Dtr et Tdr)
La dimension des lumières
La hauteur et la largeur des lumières
d’échappement et de transfert sont l’objet d’un compromis.
Pour profiter pleinement de la pression des gaz dans la chambre de combustion,
il serait souhaitable d’ouvrir la lumière d’échappement
le plus tard possible, d’un autre côté, on ne peut remplir
le cylindre de gaz frais sans l’avoir vidé auparavant.
Une puissance spécifique élevée demande un régime
de rotation élevé, mais plus le régime augmente, plus il
y a de gaz à déplacer, alors que le temps disponible pour effectuer
les transferts gazeux est raccourci. Il devient alors nécessaire d’avoir
des ouvertures plus grandes et longues pour assurer un bon écoulement
gazeux ; ceci peut se faire en augmentant la largeur ou la hauteur des lumières.
Alors que l’accroissement de la largeur d’une lumière n’augmente
que sa surface, l’accroissement de sa hauteur augmente en plus son temps
d’ouverture. La hauteur des lumières sera donc déterminante
sur les caractéristiques d’un 2 T.
Plus on désire obtenir une puissance élevée, plus le temps
d’échappement devra être long, avec en contre-partie, une
ouverture prématurée et une perte de puissance à bas régime.
On est donc limité à une hauteur d’échappement relativement
raisonnable, compensée par une grande largeur des lumières.
La largeur des lumières
Sur un moteur
poussé, la largeur des lumières est surtout limitée par
la segmentation, qui ne doit pas accrocher à la descente ou à
la remontée du piston. Si on prend l’angle du centre du cylindre
vers les extrémités de la lumière, on estime qu’un
segment peut supporter une largeur de la lumière d’échappement
de 60 à 65° sur un moteur de tourisme et jusqu’à 70°
sur un moteur de compet. Au delà de ces valeurs, il est indispensable
de séparer la lumière en 2 avec une barrette.
La largeur de la lumière d’échappement est aussi limitée
par l’espace minimum à ménager entre les transferts et l’échappement
pour éviter que les gaz frais ne soient « court-circuités
» et ne s’échappent partiellement avec les gaz brûlés.
La hauteur des lumières
La hauteur
des lumières est le point le plus important ; il faut que le décalage
entre l’échappement et les transferts soit tel que la plus grande
partie des gaz brûlés soit évacuée au moment de l’ouverture
des transferts. Si ce n’est pas le cas, les gaz brûlés en
pénétrant dans les transferts échauffent le carter et diminuent
son remplissage en même temps qu’ils font travailler l’embiellage
dans des conditions désastreuses. Dans la pratique, sur les moteurs de
bonne puissance spécifique, ce décalage est presque toujours compris
entre 25 et 35% du diagramme d‘échappement (pour 200° d’échap,
on aura donc entre 130 et 150° de transfert)
Il faut enfin signaler que le rapport entre la surface totale des transferts
et celle de l’échappement est toujours voisin de 1. La surface
des transferts représente selon les cas de 80 à 110% de celle
de l’échappement. Il faut en retenir pour la préparation
que l’on doit éviter de modifier fortement une de ces surfaces
sans adapter l’autre dans le même sens.
La forme de l’échappement
La forme la
plus utilisée est la lumière ovale qui, à largeur égale
fatigue moins les segments. Sur les moteurs sportifs, compte tenu que la phase
la plus efficace de l’échappement doit se trouver avant l’ouverture
des transferts, on a imaginé d’autres formes plus ou moins complexe
où le haut de la lumière d’échappement est plus large
que la base.
Le polissage des
lumières
On s’accorde
à peu près toujours sur le fait qu’il est utile de polir
la lumière d’échappement. On limite ainsi les dépôts
de calamine et on améliore l’écoulement des gaz brûlés.
Le polissage des transferts est nettement plus controversé. L’écoulement
d’un gaz dans une tubulure ne se fait pas de manière uniforme.
La vitesse de l’écoulement à la périphérie
est limitée par le frottement sur les parois ; il se crée à
cette périphérie une couche de gaz accrochée aux parois
et pratiquement immobile appelée « couche limite ».La perte
d’énergie due à ce frottement est appelée perte de
charge. La couche limite gomme les petites imperfections de la surface et évite
le décollement des filets gazeux.
Le polissage diminue les pertes de charge ; il permet donc à section
et à pression égales, un meilleur écoulement gazeux. Par
contre, la diminution de l’épaisseur de la couche limite peut se
traduire par la création de remous plus importants qu’avant polissage…..
Dans tout les cas, il est toujours utile d’éviter dans les transferts
la présence d’irrégularités superflues comme les
traces de noyaux de fonderie et les défauts de raccordement entre les
différentes pièces .Le fin du fin est de faire un ajustage très
soigneux avec des canaux bien réguliers et identiques. Une fois le résultat
atteint , l’ensemble sera microbillé pour recréer en surface
une fine granulométrie qui garantira une couche limite fine et régulière.
Bruno.